Un résumé audio en 4 minutes
Origine du Vipassana
Cet article relate ma propre expérience d’un stage de 10 jours de méditation Vipassana au centre Dhamma Mahi en France.
Ce stage a été effectué du 27 Juillet au 7 Août 2022.
La méditation Vipassana est l’une des techniques de méditation les plus anciennes et les plus respectées pour favoriser la conscience de soi. Les origines de cette technique de méditation remontent à Gotama le Bouddha, il y a environ 2 500 ans. Vipassana encourage à la fois une plus grande attention et une meilleure conscience de soi pour vous aider à comprendre et à libérer l’anxiété, les maux physiques et le stress quotidien de nos vies urbaines.
Vipassana est une méthode de transformation de soi par l’observation de soi. Il se concentre sur l’interconnexion profonde entre l’esprit et le corps, qui peut être expérimentée directement par une attention disciplinée aux sensations physiques qui interconnectent et conditionnent continuellement la vie de l’esprit. C’est ce voyage d’observation et d’exploration de soi vers la racine commune de l’esprit et du corps qui dissout l’impureté mentale et permet d’obtenir un esprit équilibré, plein d’amour et de compassion.
Les lois scientifiques qui régissent nos pensées, nos sentiments, nos jugements et nos sensations deviennent claires. Par l’expérience directe, on comprend la nature de la façon dont on croît ou régresse, dont on produit de la souffrance ou dont on s’en libère. La vie devient caractérisée par une conscience accrue, l’absence d’illusion, la maîtrise de soi et la paix.
Le stage de 10 jours selon la méthode Goenka
La technique Vipassana est enseignée lors de cours résidentiels de dix jours pendant lesquels les participants suivent un code de discipline prescrit, apprennent les bases de la méthode et pratiquent suffisamment pour en ressentir les résultats bénéfiques. Goenka a été une figure publique de l’Inde des années 40, il fut successivement conseiller auprès des gouvernements indiens, homme d’afffaire. Il souffrait d’une migraine infernale auquel aucun traitement ne répondait. C’est la pratique de la méditation Vipassana qui lui permis de guérir définitivement. S. N. Goenka est né et a grandi en Birmanie. C’est là qu’il entre en contact avec son maître Sayagyi U Ba Khin, et apprend de lui la technique de Vipassana. Après avoir étudié avec son professeur pendant quatorze ans, Goenka déménage en Inde et commence à enseigner en 1969. La technique que Goenka enseigne rappelle les enseignements du bouddhisme theravada mais insiste largement sur son universalité.
Le cours exige un travail sérieux et assidu. La formation se déroule en trois étapes. La première étape consiste, pendant la durée du cours, à s’abstenir de tuer, de voler, d’avoir des relations sexuelles, de dire des faussetés et de consommer des substances toxiques. Ce simple code de conduite morale sert à calmer l’esprit, qui autrement serait trop agité pour accomplir la tâche d’auto-observation.
L’étape suivante consiste à développer une certaine maîtrise de l’esprit en apprenant à fixer son attention sur la réalité naturelle du flux toujours changeant du souffle qui entre et sort des narines. Au quatrième jour, l’esprit est plus calme et plus concentré, mieux à même d’entreprendre la pratique de Vipassana elle-même : observer les sensations dans tout le corps, comprendre leur nature et développer l’équanimité en apprenant à ne pas y réagir.
Enfin, le dernier jour complet, les participants apprennent la méditation de l’amour bienveillant (Metta) ou de la bonne volonté envers tous, dans laquelle la pureté développée pendant le cours est partagée avec tous les êtres.
Arrivée au Centre Dhamma Mahi
Jour 0 de méditation ( Day 0)
J’arrive le 27 Juillet 2022 vers 14h00 sur le site du Dhamma Mahi, dans l’Yonne, près de Auxerre en France. Le site est perdu dans une campagne sublime. Un long chemin rectiligne mène à l’entrée du site où l’on ressent déjà le calme et la sérénité à la vue de l’enceinte du lieu de méditation. Quelques bâtiments sobres en bois à l’architecture contemporaine accueillent les anciens étudiants. Les nouveaux étudiants, eux, logent dans l’espace central (qui abrite des dortoirs et douches communes).
En pénétrant dans ce lieu, j’avais l’objectif de ne plus penser à rien et d’être dans l’instant, d’observer tout autour de moi sans crainte ni jugement.
J’avance vers l’espace d’accueil où des volontaires en charge de l’accueil des nouveaux étudiants, opèrent. Je procède à mon enregistrement et à l’état des lieux administratifs, quelques formulaires à remplir pour déclarer son état de santé, du moins confirmer que l’on est apte à rester 10 jours, « enfermé » mais avec une certaine qualité de vie et de tranquilité, sans contact extérieur. Méditer de 4h du matin à 21h avec 2 repas par jour et quelques pauses de marche silencieuse. C’est tout.
L’expérience monastique à la portée de n’importe qui le veut ou le peut.
Je dépose mon Smartphone à l’intendance, je signe le contrat et m’engage à rester 10 jours pour finir le stage. Fin des contacts extérieurs, pas de selfie, pas de photo. La méditation Vipassana n’est pas une récréation ou un stage de relaxation, c’est un vrai travail sur soi, sur sa résilience, sa patience et le contrôle de son mental.
Le bâtiment et les espaces naturels environnent sont propres, entretenus. L’association Vipassana fait un travail extraordinaire avec ses volontaires. L’organisation est huilée et tout est fait pour que le stage se passe au mieux pour chaque étudiant.
19h00, Nous nous dirigeons vers une grande salle pour écouter une heure d’introduction avec un briefing sur les 10 jours qui arrivent, l’écoute des bandes originales de Goenka donne la tonalité minimaliste et de l’effort de résilience à consentir pour le succès du stage. Autre doute : cela sera difficile. Il y aura des moments de tension, de fatigue physique et psychologique, il faudra passer outre, rester concentré. Il est 20h, fin de l’introduction, le noble silence démarre pour 10 jours. Tous les étudiants se dirigent vers les chambres….en silence.
Je m’installe dans la chambre du dortoir, je déballe ma petite valise pour l’occasion, j’ai apporté le strict nécessaire. Le confort est minimal bien que très correct, propre, une palette en bois sépare les deux murs. J’y trouve néanmoins une certaine intimité, un drap de tissus sert de voile pour l’entrée. Jouxte à coté de moi, 3 autres joyeux acolytes logés à la même enseigne. Fille et garçons séparés…heureusement.
Bienvenue au stage Vipassana de 10 jours.
Jour 1 de méditation Vipassana
4h00 du matin; la cloche sonne 3 fois.
Un œil s’ouvre péniblement… puis le 2ᵉ.
La veille au soir, je m’étais auto-motivé pour me lever sans « aversion » puisque ce sera le leitmotiv de ce stage. Contrôler, désirs et aversions sera ma devise, les observer sans agir au moins pour 10 jours.
Je me lève, direction la douche (commune). Vers 4h20, je m’élance vers la salle de méditation. Sur la centaine d’étudiant(e)s, environ 60 à 70 sont présentes ou présentes, c’est mon estimation personnelle à vue de nez. Cette méditation de 4 h 00 n’est pas obligatoire, mais recommandée. L’Adipana ou la ferme détermination commence à 8h30, reprend à 14h et la dernière session est à 18h. Ce seront les 3 méditations obligatoires du stage à effectuer sans bouger le moindre doigt, cil. L’adipana recherche l’immobilité totale.
Je suis surpris d’observer la résilience et la motivation du groupe. Le silence est absolu. Chacun médite selon la méthode Anapana qui se concentre sur la respiration, l’air qui entre et sort par les narines. Aucun contrôle, juste l’observation de sa respiration afin de supprimer toute pensée vagabonde.
Anapana est probablement la méthode la plus simple à comprendre malgré tout assez difficile à exécuter, surtout si votre esprit est très « encombré » par une multitude de pensées.
Anapana est la première étape de la pratique de la méditation Vipassana.
Anapana signifie l’observation de la respiration naturelle. Il s’agit d’une technique objective et scientifique, qui développe la concentration de l’esprit. L’observation de la respiration est l’objet idéal pour la méditation parce qu’elle est toujours disponible et qu’elle est totalement non sectaire. Anapana est très différent des techniques qui reposent sur la régulation artificielle de la respiration. Il n’y a pas de rites ou de rituels impliqués dans la pratique ou la présentation d’Anapana.
Et voici le discours du soir – Jour 1 :
Jour 2 à 4 de méditation
Le réveil se fait encore plus difficile. En plus des courbatures de la veille suite aux postures figées de plus de cinq heures de positions en assise, il en demeure pas moins que je reste motivé. Cette aventure de l’esprit prend la forme d’une disciplinaire, une école de la rigueur.
Toute cette deuxième journée et jusqu’à la 4ᵉ, le travail s’effectue sur la zone nasale, un point de focus précis entre la lèvre supérieure et les deux narines. Un seul mouvement à ressentir, l’air qui entre et l’air qui sort. Rien de plus.
Goenka insiste pour que les quatre premiers jours soient uniquement dédiés à Anapana pour calmer, voire « dresser » l’esprit. L’objectif : Zéro pensée, ou à défaut laisser passer les états mentaux ou émotionnels, les observer pour aboutir au vide absolu du mental. Un vœu pieux. Il est pratiquement impossible pour un débutant ou un initié de s’abstenir de penser. Il n’y a pas de Diktat sur la méthodologie elle-même ; c’est un processus lent, un apprentissage jour après jour pour maitriser son mental et observer les pensées sans juger, sans attachement. Elles défilent, on ne réagit pas. Au fur et à mesure, on atteint le stade dans lequel le mental est apaisé, stable et la vraie méditation peut commencer : c’est Vipassana.
Le discours du 3ᵉ jour évoque les relations ambiguës liées à l’attachement religieux et aux croyances. Le discours ne vise pas à critiquer le fait religieux, mais à mettre en avant la vision limitée et l’obstacle d’un dogme. Par essence, une réalité religieuse est limitée et ne représente pas objectivement un esprit libre et éclairé. Une spiritualité est une sagesse propre et ne peut appartenir à un groupe sectaire ou religieux. L’approche est intéressante quoique controversée pour les croyants.
Le 4eme jour est une narration sur les premières sensations du corps, les vibrations, fourmillement, tension liés à l’observation durant la méditation. L’auteur évoque quelques histoires du Bouddha pour mieux comprendre son enseignement sur la concentration.
Un étape importante du processus méditatif est la notion de « flow » ou de courant de sensations partout sur ou dans le corps. L’explication de ses sensations sont liées à la théorie des cordes (vibration du corps) Lorsque l’on comprend la vacuité, on décompose la matière en vibration, ce que transmet la méditation Vipassana. L’auteur évoque une explication scientifique, une analogie de la physique quantique via cette pratique méditative. C’est assez surprenant.
Le 5ème jour de méditation Vipassana
Nous sommes à mi-chemin du stage, pour celles et ceux qui ont réussit à tenir et à ne pas fuir le centre, c’est une sorte de satisfaction. La douleur se fait ressentir, toujours présente avant, pendant et après les méditations.
Vipassana n’est pas un rituel, c’est une pratique de travail sur l’équanimité. A chaque instant de réaction, de sensation de douleur, l’objectif est de transmuter la douleur en non-douleur par l’observation et non l’identification.
Le 6ème jour est une étape clé, un pivot pour progresser vers un niveau plus avancé. C’est la parabole du verre à moitié plein / à moitié vide. L’optimisme et le réalisme prévaut. L’auteur évoque les bonnes pratiques pour la santé, la vitalité, la nourriture et l’esprit d’équanimité.
Le 7eme jour décrit la notion de Yogi, celui qui atteint la communion avec la vérité ultime, l’éveil. C’est la faculté de ressentir toutes les sensations et de rester parfaitement équanime. Avoir de la dévotion s’applique aux qualités du Bouddha ou de Jésus et non pas une adoration des personnes elle-mêmes. Critiques des cultes.
Comprendre les réactions ou Sankara, savoir pourquoi elles se déclenchent. Différence entre le sommeil et la méditation ou l’éveil.
C’est le dernier jour du séminaire sur le Dhamma. Comment appliquer la méthode au quotidien et maintenir la rigueur du Vipassana, une vie juste, paisible, harmonieuse pour soi même et les autres. La pratique demande de méditer chaque matin et soir, une heure par session.
10ème jour de Méditation, c’est la fin du stage.
Retour sur les apprentissages, le détachement et la vie du Bouddha. Chaque individu dépend de lui même, le Dhamma est universel et laique, il n’y a rien de religieux ou de sectaire dans la Sangha. La vérité ultime est de dissoudre le corps en une masse de vibration, de sensations, à ce stage il n’y a plus de solidification, de tensions. Les vibrations apparaissent et disparaissent, c’est l’impermanence.
Retour sur le désir et de l’aversion; le jeu de l’esprit.
Jour 11 : Fin du stage, les étudiants peuvent se remettre à discuter, c’est la rupture du silence et l’échange peut commencer.
La méditation Vipassana est une experience extraordinaire réservée à celles et ceux qui pratiquent à minima. Il n’est pas conseillé d’effectuer ce stage sans avoir un minimum de pratique ou d’entrainement, je dirai au moins la capacité de méditer 30 minutes, deux à trois fois par semaine.
Pour tout les détails du programme Vipassana, consulter le dossier de presse